Découvrez l'Histoire de La Louisiane
Sur le dédale de ses couloirs, qualifiés de 'psychédéliques' par Quentin Tarantino, le temps semble glisser sur l'hôtel La Louisiane comme sur le plus vieux clocher de Paris. Depuis 1823, l'hôtel est un havre pour ceux qui créent ou sont en quête, écrivains ou musiciens, artistes ou chercheurs.
Moments clés
- 1823 - FondationFondation par un ancien colonel de Napoléon Ier
- 1930-1940 - Nouvelle èreRachat par la famille Blanchot, début de la tradition artistique
- 1943-1950 - ExistentialismeQG des existentialistes avec Sartre et Beauvoir
- 1950-1970 - Jazz et RockÂge d'or du jazz et du rock avec Miles Davis et Jim Morrison
- 1951-2008 - Albert CosseryAlbert Cossery y réside pendant 57 ans
- 2008-2023 - RenouveauRestauration et réhabilitation par la famille Blanchot
Moments clés
- 1823 - FondationFondation par un ancien colonel de Napoléon Ier
- 1930-1940 - Nouvelle èreRachat par la famille Blanchot, début de la tradition artistique
- 1943-1950 - ExistentialismeQG des existentialistes avec Sartre et Beauvoir
Les moments clés de notre histoire
Fondation (1823)
FCréation de l'Hôtel La Louisiane par un ancien colonel de Napoléon Ier qui, après la chute du Premier Empire, fit fortune à La Nouvelle-Orléans.
Nouvelle ère (1930s)
La famille Blanchot rachète l'hôtel après la Première Guerre mondiale et établit une tradition d'accueil des artistes et écrivains.
L'âge d'or existentialiste (1943-1950)
Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir s'installent à l'hôtel et en font le quartier général des existentialistes, rejoints par Albert Camus et Boris Vian.
Jazz et bohème (1950-1960s)
Miles Davis, Juliette Gréco et de nombreux musiciens de jazz américains font de La Louisiane leur résidence parisienne. Les caves de l'hôtel accueillent des concerts légendaires.
Ère du rock (1960-1970s)
Jim Morrison, The Doors et les Pink Floyd séjournent à l'hôtel. Barbet Schroeder y tourne des scènes du film 'More' avec la musique des Pink Floyd.
Albert Cossery (1951-2008)
L'écrivain égyptien Albert Cossery s'installe à La Louisiane en 1951 et y réside pendant 57 ans jusqu'à sa mort, devenant une figure emblématique de l'hôtel.
Un lieu de mémoire vivante (Aujourd'hui)
L'hôtel perpétue son héritage culturel tout en accueillant une nouvelle génération d'artistes, d'écrivains et de voyageurs, et en organisant régulièrement des événements artistiques et littéraires.
Fondation (1823)
FCréation de l'Hôtel La Louisiane par un ancien colonel de Napoléon Ier qui, après la chute du Premier Empire, fit fortune à La Nouvelle-Orléans.
L'Hôtel La Louisiane, une histoire de Saint-Germain-des-Prés
Sur le dédale de ses couloirs, qualifiés de 'psychédéliques' par Quentin Tarantino, le temps semble glisser sur l'hôtel La Louisiane comme sur le plus vieux clocher de Paris, qui veille depuis le toit de la basilique Saint-Germain-des-prés. Hors des circuits traditionnels, garant d'une ambiance familiale, l'hôtel La Louisiane est heureux d'être toujours un havre pour ceux qui créent ou sont en quête, écrivains ou musiciens, artistes ou chercheurs, décideurs internationaux ou entrepreneurs, journalistes ou touristes, voyageurs de tout pays ou de Paris.
Le saviez-vous ?
L'hôtel La Louisiane est situé exactement au centre de Saint-Germain-des-Prés, au croisement des rues de Seine et de Buci, à quelques minutes à pied du musée du Louvre, du musée d'Orsay, du musée de la Monnaie, du musée Delacroix et du Jardin du Luxembourg.
Fondation de l'hôtel en 1823, hommage à l'Amérique
En 1815, un colonel des cuirassiers de l'Empereur Napoléon Ier refuse le retour des rois Bourbons. Après ses dernières charges à Waterloo, il refait sa fortune à la Nouvelle-Orléans. Il revient en France en 1823 après la mort de l'Empereur, survenue alors que ces français de Louisiane voulaient le libérer à l'abordage de l'île de Sainte-Hélène. Ému par ses anciens frères d'arme, héros de cent campagnes et mille champs de bataille mais souvent sans toit, il fonde l'hôtel, La Louisiane, en l'honneur de cette terre d'Amérique de la contrée découverte en avril 1682 et baptisée en l'honneur du roi Louis XIV par Robert Cavelier de La Salle, que l'Empereur avait cédé aux jeunes États-Unis en 1803.
"Jamais aucun de mes abris ne s'était tant approché de mes rêves ; j'envisageais d'y rester jusqu'à la fin de mes jours."— Simone de Beauvoir
L'hôtel La Louisiane, QG des artistes et des musiciens
À l'instar du Chelsea hotel, l'hôtel La Louisiane - toujours l'hôtel familial au cœur de Saint-Germain-des-Prés, a sa mémoire, gardée par une même famille depuis quatre générations. À l'heure de la Libération et du retour des américains à Paris, il est le lieu de ralliement des musiciens de jazz. Égérie de Saint-Germain-des-Prés, la chanteuse Juliette Gréco partage sa chambre avec Anabelle Buffet et Anne-Marie Casalis, Mouloudji y rencontre Boris Vian.
S'y retrouvaient pour des 'bœufs' les grands jazzmen américains, Miles Davis, John Coltrane, Bud Powell, Lester Young, Chet Baker, Mal Waldron, Archi Sheep, Charlie Parker, Dexter Gordon, Ben Sidran, Wayne Shorte ; puis vinrent leurs héritiers rock, et parmi eux, Jim Morrison et les musiciens de The Doors, Ray Manzarek, John Densmore, Robby Krieger ; puis les Pink Floyd, Roger Waters, David Gilmour, Rick Wright, Nick Mason...


La Louisiane, hôtel littéraire
Serviteur respectueux des belles lettres comme tout Saint-Germain-des-Prés, l'hôtel La Louisiane est un 'hôtel littéraire', label confirmé par Nathalie De Saint Phalle. Les écrivains y ont toujours trouvé l'inspiration. Albert Cossery, moderne Ésope, y vit toujours depuis la Libération. Peut-être songe-t-il parfois à ses célèbres colocataires passés, Ernest Hemingway, Antoine de Saint-Exupéry, Henri Miller, Cyril Connolly, Gérard Oberlé, Peter Berling, Harvey Goldberg, Albertine Sarrazin et surtout le couple fondateur de l'Existentialisme, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
Jean-Paul Sartre était aussi un homme de théâtre, comme d'autres tragédiens talentueux venus chercher ici l'inspiration, Robert Wilson, Olivier Py, Robert Le Page... À partir des années 50 vinrent les passionnés du cinéma, les réalisateurs Louis Malle, Bertrand Tavernier - qui fit de l'hôtel La Louisiane le décors d'Autour de Minuit, Alain Tanner, Leo Carax, Benoit Jacquot, Pépé Danquart, Barbet Schroeder pour le tournage de More, Quentin Tarantino, Michael Shamberg, Sally Potter, les acteurs et actrices Mimsy Farmer, Klaus Grunberg, Klaus Kinski, Heinz Egelman, Jane Campion...
Témoignage littéraire
"Entre les deux guerres, dans sa chambre d'hôtel de la Louisiane, Cyril Connoly élève des furets pour lesquels il se fournit en foie sanguinolent à la boucherie chevaline, des furets qui courent après les oranges, les œufs et les balles de ping-pong, et portent des harnais ornés de clochettes."
— Lu dans LibérationL'âge d'or existentialiste
À l'automne 1943, Simone de Beauvoir obtient une chambre à l'hôtel de la Louisiane, 60 rue de Seine, sur la recommandation des habitués du Flore, dont beaucoup demeurent là. Sartre en prend une, lui aussi, au même étage. Cette fois les voici installés à Saint-Germain-des-Prés. Presque tous les membres de la "famille" les ont suivis dans leur hôtel. S'y sont joints Mouloudji et sa compagne Lola.
Le premier étage du Flore prend alors les apparences d'une salle de classe fort studieuse. Tout le monde écrit, chacun à sa petite table : Simone de Beauvoir, "Tous les hommes sont mortels" ; Sartre, "Les Chemins de la liberté" ; Jacques-Laurent Bost, "Le Dernier des métiers" ; Mouloudji, "Enrico" ; et Scipion, "Prête-moi ta plume", son recueil de pastiches.
Figures emblématiques
- Jean-Paul Sartre & Simone de Beauvoir (philosophes)
- Miles Davis & Chet Baker (musiciens de jazz)
- Juliette Gréco (chanteuse)
- Jim Morrison (chanteur des Doors)
- Albert Cossery (écrivain)
- Ernest Hemingway (écrivain)
- Quentin Tarantino (réalisateur)
- Keith Haring (artiste)
Œuvres créées à La Louisiane
- "Tous les hommes sont mortels" - S. de Beauvoir
- "Les Chemins de la liberté" - J-P. Sartre
- "La Nausée" - J-P. Sartre
- "Les Mendiants et orgueilleux" - A. Cossery
- "Les Fainéants de la vallée fertile" - A. Cossery
- "Les hommes oubliés de Dieu" - A. Cossery
- Musique du film "More" - Pink Floyd
Albert Cossery, l'écrivain qui fit de l'hôtel sa demeure
En 1945, un écrivain égyptien arrive à Paris, au pays de la langue qu'il sait lire et écrire : Albert Cossery, qui n'a d'autre envie que de posséder de jeunes et jolies filles. Il s'installe dans un meublé de Montparnasse, mais les allers et retours de Saint-Germain à sa chambre avec des demoiselles séduites s'avèrent fastidieux et répétitifs. Il s'installe à la Louisiane en 1951. Il y écrit lorsqu'il s'ennuie vraiment, lorsqu'il n'y a réellement rien de mieux à faire... Le plaisir de vivre passe avant celui d'écrire, qui n'en est pas un. Il ne possède rien et paresse...
"La paresse se mérite... Les autres, s'ils aiment le travail, eh bien qu'ils continuent", dit-il cyniquement philosophe... "Pas la paresse dans le sens de ne rien faire, mais de réfléchir, et de lire... La chose la plus extraordinaire au monde, c'est la lecture..."
En ce sens, Cossery, difficile, élégant, méfiant à raison, vit à la Louisiane depuis quarante ans. Il n'a changé qu'une seule fois de chambre et celle qu'il occupe aujourd'hui reste dépouillée à l'extrême. Il n'a gardé que quelques livres (les meilleurs et les siens) et des vêtements (des placards et des valises remplies), mais pas d'objets (pas même la petite femme sculptée que lui avait offert Giacometti). Cairote marginal devenu parisien marginal.
Témoignage
"Autres temps, autres mœurs. Après le Mistral, c'est au Louisiane que Sartre se réfugie de 1943 à 1946 pour écrire au chaud. On raconte qu'il aime le bruit de la rue et se fait livrer le journal directement par la fenêtre de sa chambre située au premier étage. En plein Saint-Germain-des-Prés, au carrefour Buci, l'hôtel, fondé en 1886, par un colonel de Napoléon passe relativement inaperçu. Mais les admirateurs de l'écrivain ou les passionnés de jazz en connaissent les coordonnées."
— Isabelle Spaak, "Ces hôtels cultes du Paris bohème", VSD, 2003La Louisiane aime l'art contemporain
Saint-Germain-des-Prés n'a pas inspiré que des écrivains ou des musiciens, la créativité effervescente y attire de nombreux artistes, peintres, sculpteurs ou plasticiens, performers ou designers. C'est ainsi que l'hôtel La Louisiane fut aussi un lieu de rencontre pour les artistes contemporains, Salvador Dali avec Amanda Lear, Bernard Buffet, Alberto Giacometti, Vassilakis Takis, Keith Haring, Dennis Oppenheim, Nam Jun Paik, Joseph Beuys, Lucian Freud, Benjamin Vautier, Cy Twombly, Eva & Adele, James Lee Byars...
L'hôtel La Louisiane soutient depuis toujours les artistes et a ainsi invité de nombreux créateurs d'art contemporain, à exposer leurs œuvres dans ses murs : Wang Du, G-Wen, Régine Kolle, Barthélémy Togo, Lionel Scoccimaro, Pascale Marthine Tayou, Chen Chieh-Jen, Julien Beneyton, Pascal Gilberti, Emmanuelle Villard, Franck et Olivier Turpin, Nicole Tran Ba Vang, Guillaume Paris, François Paire, Aimé Ntakayica, Liu Ming, Philippe Mayaux, Cécile Mathieu, Eric Le Maire, Patrick Lebret, Suzanne Junker, Yann Delacour, Gaston Damag, Jean-Luc Bichau, Pascal Bernier...
La chambre 10
Anne-Marie Cazalis s'installe à l'hôtel de la Louisiane, partageant "quelque temps avec Gréco la chambre qu'avait loué Sartre sous l'Occupation. C'était une chambre ronde qui faisait l'angle de la rue de Seine et de la rue de Buci. Il y avait, tout à coté, un apprentis où Sartre rangeait sa bicyclette, mais qui avait été transformé en salle de bains. Aux fenêtres étaient accrochés de grands rideaux de peluche rouge. C'était un décor de théâtre".
Les "fiestas"
Lorsque l'issue favorable de la guerre paraît crédible, Simone de Beauvoir et Sartre participent aux soirées festives que les exigences du couvre-feu font durer jusqu'au petit matin. Michel Leiris les a baptisées "fiestas". L'expression espagnole met l'accent sur une volonté délibérée de faire la fête, malgré tout.
Un hôtel pour entrepreneurs
L'hôtel La Louisiane est aussi devenu un lieu de rencontre des entrepreneurs de l'Internet - les entreprenautes - et du web, surtout ceux des métiers liés aux contenus en ligne, culturels, artistiques ou littéraires, dans la plus pure tradition d'un quartier où sont installés des éditeurs renommés.
Saint-Germain-des-Prés, éternelle et révolutionnaire
L'hôtel La Louisiane est construit sur l'ancienne enceinte de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. L'église de Saint-Germain-des-Prés a été édifiée en 557 par Germain, évêque de Paris canonisé et fêté le 28 mai, dont elle est le tombeau. Les premiers rois de France, de la dynastie des Mérovingiens, celle du grand roi franc Clovis, y sont enterrés.
Sous les tours fortifiées, ancêtres de l'hôtel, coule une rivière, vers le fleuve, dont la rue de Seine tire son nom ; les vertus oniriques de cette eau, aujourd'hui souterraine, expliqueraient le sommeil heureux de nos hôtes ! Venu le temps de l'urbanisme et du baron Haussmann, Victor Hugo sauvera l'église, la plus ancienne de Paris, réhabilitée par Baltard. Un dessin de Picasso y rend hommage au poète Guillaume Apollinaire.
"Si courte qu'ait été son existence, le véritable Saint-Germain-des-Prés est resté dans les mémoires comme un lieu de grande tolérance, où les divers courants artistiques, intellectuels et politiques se côtoyaient, se frottaient les uns aux autres, tandis que la jeunesse guettait le résultat du coin de l'œil dans l'attente d'un monde nouveau."— Extrait de "Le Paris de Sartre et Beauvoir"
Un quartier qui vit jour et nuit
Situé idéalement à quelques minutes à pied du musée du Louvre, du musée d'Orsay, du musée de la Monnaie, du musée Delacroix, du grand et beau Jardin du Luxembourg, et du Quartier Latin avec ses lieux de sorties étudiantes ou canailles, l'hôtel La Louisiane est exactement au centre de Saint-Germain-des-Prés, au croisement des rues de Seine et de Buci.
Aux alentours se concentrent les terrasses des cafés, les bonnes tables de restaurants et les pistes de danse, jazz, rock, techno ou disco de clubs chaleureux, dans les fameuses "caves" aux voûtes de pierres millénaires de Saint-Germain-des-Prés. Les galeries d'art, les antiquaires et les boutiques design restent ouvertes tard le soir, sans oublier de nombreux théâtres et cinémas, comme l'UGC Danton, l'UGC Odéon et le MK2 Odéon.

Ronald Baker, jazzman, sur le toit Hôtel La Louisiane
Les trésors du quartier
Dès le Moyen-âge, tous affluent vers Saint-Germain-des-Prés, car l'abbaye garde alors un morceau de la Vraie Croix et la tunique de Saint Vincent. Au XVIIè siècle, grâce à son monastère et l'ordre des studieux moines bénédictins, Saint-Germain-des-Prés est le plus grand centre intellectuel d'Europe. La Révolution ruinera l'abbaye, mais le quartier est désormais le centre de l'effervescence philosophique. C'est aux terrasses de ses cafés, comme le Procope, que Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu, d'Alembert initieront le siècle des Lumières.
En 1661, le cardinal Mazarin demanda à Louis Le Vau, l'architecte de Versailles, de construire au début de la rue de Seine, dans l'axe de la Cour Carrée du Louvre, au 23 quai de Conti, l'Institut de France. L'Institut réunit l'Académie Française, l'Académie des Sciences, l'Académie des Beaux-Arts, celles des Inscriptions et Belles-Lettres et des Sciences Morales et Politiques. L'hôtel La Louisiane est au milieu de la ligne tracée entre sa fameuse coupole et celle, à l'autre extrémité de la rue, du Palais du Luxembourg construit par la reine Marie de Médicis en 1620.
Le Sénat a créé le Musée du Luxembourg, au 19 rue de Vaugirard, dans l'ancienne Orangerie, dont les expositions de peintures sont souvent d'un exceptionnelle qualité. Mais surtout, le palais du Sénat garde le Jardin du Luxembourg, le plus grand jardin public de Paris, équipé de tennis et d'activités pour les enfants, parcs, théâtre de Guignol, courses de karts et trajets à dos de poney, manèges et balançoires, location de voiliers à naviguer sur le bassin, dégustation de barbapapa, etc.
Le Pont des Arts
En 1801, le futur empereur Napoléon Bonaparte décide la construction du Pont des Arts. Baptisé en l'honneur du Louvre, ce pont relie la Cour Carrée du musée à l'Institut. Cette passerelle des arts entre la rive droite et la rive gauche de la Seine, où sont installés les Bouquinistes, fait le bonheur des promeneurs, des amateurs de livres et de gravures, c'est l'endroit parfait pour un pique-nique où une dégustation de vin au bord de l'eau.
Avec l'Existentialisme, il n'y a plus d'après à Saint-Germain-des-Prés
L'Amérique permet à Saint-Germain-des-Prés d'être à la Libération le haut lieu des intellectuels et des philosophes, qu'elle influence avec ses films, ses romans noirs, et son esprit festif dont le jazz est le langage. Les existentialistes y repoussent les marxistes sur le terrain... des idées. Menés par Boris Vian, Albert Camus, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, accompagnés de Juliette Gréco, leurs repères sont le café de Flore, le café des Deux Magots, la brasserie Lipp... et l'hôtel La Louisiane où ils refont le monde toutes les nuits, qu'ils ne quittent que pour les 'caves' où jouent les orchestres de jazz endiablés de la Nouvelle Orléans. Parfaitement situé, ouvert aux artistes, l'hôtel La Louisiane est ainsi devenu naturellement une halte internationale pour les érudits et les amateurs d'art... et pour ceux qui viennent fêter le quartier et y faire la fête !
"J'ai débarqué à Saint-Germain-des-Prés, un jour, parce que j'avais une grande envie de connaître Sartre et Simone de Beauvoir." Cette phrase est extraite des Mémoires d'Anne-Marie Cazalis, celle que Simone de Beauvoir, dans La Force des choses, accuse d'être à l'origine de la collusion entre le style de vie adopté par la jeunesse de Saint-Germain-des-Prés et l'intérêt, enthousiaste aussi bien que haineux, suscité par l'existentialisme.
Poétesse, lauréate du Prix Paul-Valéry, Anne-Marie Cazalis participe de près, avec Juliette Gréco, à la création de l'une des "caves" restées les plus célèbres de Saint-Germain-des-Prés : le Tabou, rue Dauphine. Pour en assurer la publicité, toutes deux se déclarent "existentialistes" dans un article publié par Samedi-Soir et supervisé par la première. Le retentissement dépasse les prévisions mais se retourne contre Sartre et Simone de Beauvoir, vite accusés de pervertir la jeunesse.
"La vie d'hôtel est idéale, pour qui veut rester libre et qui ne veut rien faire."
— Albert CosseryUn patrimoine vivant
En 1816, un nouveau voisin s'installe près de l'hôtel La Louisiane, l'École nationale supérieure des Beaux-Arts, 14 rue Bonaparte, avec ses expositions temporaires et son musée des moulages de la Renaissance. Depuis, les turbulents étudiants des Beaux-Arts et leur fanfare ne cessent d'animer les soirées et les terrasses des cafés de Saint-Germain-des-Prés. L'art et la convivialité vont toujours de paire dans le quartier, presque tous les soirs, l'une des nombreuses galeries rue de Seine, rue Mazarine, rue Dauphine, rue Jacob, ou rue des Beaux-Arts accueille les amateurs et les experts pour un vernissage festif.
Proche de l'hôtel La Louisiane, l'église Saint-Sulpice fut la paroisse du marquis de Sade, de Baudelaire et de Victor Hugo. Construite en 1780, elle serait un haut lieu du 'Prieuré de Sion', cette société secrète dont Léonard de Vinci aurait fait partie et qui serait dépositaire du secret du mariage de Jésus avec Marie-Madeleine. L'église Saint-Sulpice conserve deux « curiosités » mondialement célèbres, son obélisque de pierre et son gnomon.
Pour les hôtes de l'hôtel La Louisiane, un marché aux fruits et légumes, un supermarché ouvert jusqu'à 21h et jusqu'à 13h le dimanche, plusieurs cavistes de bon conseil et l'épicerie fine Da Rosa, ouverte tous les jours jusque tard, sont des voisins pratiques.
Conclusion : La Louisiane, une histoire sans fin
L'histoire de l'Hôtel La Louisiane est semblable à un palimpseste : chaque génération y a laissé sa trace, sans jamais effacer complètement celles qui l'ont précédée. Des intellectuels de l'après-guerre aux musiciens de jazz, des écrivains expatriés aux artistes contemporains, chacun a contribué à enrichir la légende de ce lieu hors du commun.
Ce qui fait la singularité de La Louisiane, c'est précisément cette accumulation d'histoires, cette sédimentation d'expériences humaines et artistiques qui imprègne ses murs. Contrairement à d'autres lieux historiques, figés dans une époque particulière et transformés en musées, l'hôtel continue d'évoluer, d'accueillir de nouveaux talents, de générer de nouvelles histoires.
Dans un Paris en constante mutation, où la pression immobilière et touristique menace souvent les lieux de mémoire, La Louisiane représente une forme de résistance douce. Non pas un refus nostalgique du changement, mais plutôt une fidélité à un certain esprit, à une certaine conception de ce que peut être un hôtel : non pas simplement un lieu où l'on dort, mais un espace où l'on vit, où l'on crée, où l'on échange.
"Je ne supportais pas ces bains de chaleur contre la dureté du ciment mais, le soir, j'aimais m'asseoir là-haut, au-dessus des toits, pour lire et pour causer."
— Simone de BeauvoirParoles d'artistes
“La Louisiane était notre refuge, notre petit monde à part dans Saint-Germain. On y entrait comme dans une société secrète, avec ses codes et ses rituels.”Juliette GrécoChanteuse, icône de Saint-Germain-des-Prés
“J'ai écrit mes meilleures pages dans cette chambre au papier peint défraîchi. L'inconfort stimule parfois l'esprit mieux que le luxe.”Jean-Paul SartrePhilosophe existentialiste
“Paris m'a donné la liberté que l'Amérique me refusait. La Louisiane m'a donné un toit sous lequel cette liberté pouvait s'épanouir en musique.”Miles DavisMusicien de jazz
“Cet hôtel est comme une madeleine de Proust collective pour toute une génération d'artistes. Y séjourner, c'est convoquer les fantômes bienveillants de ceux qui nous ont précédés.”Patti SmithMusicienne et écrivaine
“La Louisiane n'a jamais été à la mode, c'est pourquoi elle ne se démode pas. Elle transcende le temps comme les œuvres qui y ont été conçues.”Tahar Ben JellounÉcrivain
“La Louisiane était notre refuge, notre petit monde à part dans Saint-Germain. On y entrait comme dans une société secrète, avec ses codes et ses rituels.”Juliette GrécoChanteuse, icône de Saint-Germain-des-Prés